L'analyse d'une œuvre est un travail d'observation et de réflexion. Il s'agit de faire travailler sa sensibilité et sa logique. Toute analyse doit être rédigée avec des phrases complètes, de manière simple et précise avec une grammaire et un orthographe soignés. La méthode proposée, expose les points les plus importants à traiter. Attention il s’agit ici de la méthode à mettre en œuvre pour analyser une œuvre, depuis la seconde ; cette méthode servira de base au commentaire de documents qui correspond à l’une des épreuves du BAC en spécialité.
On attend donc une analyse rédigée comprenant :
- Une introduction se composant de quatre parties dont les trois premières sont interchangeables :
- La contextualisation historique et artistique.
- La présentation de l’artiste.
- La présentation de l’œuvre.
- La problématique = fil conducteur de l’analyse.
- Un développement comprenant à la fois une description détaillée, structurée et organisée de l’œuvre sans oublier son analyse.
- Une conclusion composée de trois parties :
- Enonciation des spécificités de l’œuvre : attention une conclusion n’est pas un résumé de tout ce qui a été présenté dans le développement.
- Réponse à la problématique.
- Rapprochement et comparaison de l’œuvre étudiée avec celles d’autres artistes / courants artistiques… = ouverture.
Pour ce faire, un long travail d’observation, d’analyse et de compréhension est nécessaire au brouillon. Ce dernier se doit de suivre les étapes ci-dessous :
- L’Identification : expliquer et présenter = premier constat.
- Quel est le document présenté ? Ou Qu'est-ce qui est mis sous mon regard ? La reproduction d'une œuvre en couleur ? Quel est son support ? L'ai-je déjà vue ? Me paraît-elle fidèle à l'original ?
- Quelle est la nature de l'œuvre représentée ? Peinture - Assemblage – Installation - Dessin - Collage … œuvre composite ? Est-elle présentée en totalité ou partiellement ? Dans quel environnement ? Comporte-t-elle un cadre ?
- Quelles sont les indications fournies ? (Légende) : L'auteur – Le titre (il doit toujours être souligné ou écrit en italique si le commentaire est dactylographié) quel est la relation titre/sujet ? – La date de réalisation – Le format – La technique et le support (ex. peinture à l'huile sur toile, dessin au fusain sur papier...) – Le genre : peinture d’histoire (avec comme sujets la mythologie, la religion, les scènes de bataille, les événements historiques), portrait/autoportrait, paysage, nature morte, scènes de genre (scènes d’intérieur telles que les repas ou scènes de rue), abstraction – Le commanditaire – le lieu de conservation (musée, collection…).
- Ce que je perçois : ce que j'en comprends : est-ce une ébauche, une esquisse, une œuvre achevée ? La matière et les matériaux qui la constituent sont-ils apparents ? S'agit-il d'une composition, d'une organisation d'éléments homogènes ou non, d'une œuvre aléatoire, d'une œuvre éphémère... S'il s'agit d'une peinture : 3 techniques principales : aquarelle, acrylique, huile. Quels en sont les rythmes principaux ? Perçoit-on les effets de transparence, de fluidité, d'épaisseur, de recouvrement, d'opacité, d'effacement... ? Quels sont les choix chromatiques, la dominante, le registre de valeurs, la lumière (éclairage ou lumière suggérée), l'organisation de I’espace, les bordures, le traitement proprement dit (touches, aplats, modelés, modulations), gestualité apparente ou non, le dessin ?
- Mise en perspective = Ce que je sais et contextualisation : (connaissances culturelles et hypothèses) Dans quelle période historique s'inscrit l'œuvre ? Dans quel courant ou mouvement artistique ? A quel moment de la carrière de l’artiste ? Replacer l'œuvre au sein de la thématique du programme de l’année. Quelle interprétation raisonnée puis-je en faire ? Quels liens peut-on tisser avec des créations analogues, avec des modes de production différents, voire ceux d'une autre époque ?
2. La Description : il faut être le plus précis possible, comme s'il s'agissait de décrire l'œuvre à quelqu'un qui ne la voit pas.
La composition :
Retrouver les lignes qui organisent le tableau, qui relient entre eux les objets et les masses. Montrer comment est suggérée la perspective et distinguer les différents plans, la présence d'une symétrie ou asymétrie. Il peut être utile de faire figurer toutes ces données dans une représentation schématique du tableau.
- L'espace : le cadrage ou point de vue (gros plan, plan large, plongée, contre-plongée...) Est-ce un espace réaliste (perspective) ? Quelle est la place des éléments dans l'espace ? (à droite, à gauche, au premier plan, en arrière-plan....) Analyse de chacun des plans : nombre de personnes, localisation, décor : architecture des bâtiments, nature… Y a-t-il des lignes directrices qui attirent l'attention sur un élément de l'œuvre ? (ligne de fuite, gestes des personnages...).
- L’Angle de vue : de face : fonction de contact (ex. pub : s'adresse directement au spectateur) ; de dos ou de profil : insolite, énigmatique ; vue au niveau du sujet : pas de parti pris ; plongée : regard domine le personnage ou décor ; contre plongée : impression de puissance, donnée par personnage, autoritarisme.
- Les couleurs : quelles sont les couleurs principales ? Y a-t-il des correspondances ? (teintes claires ou foncées, couleurs chaudes, ou froides...) Que mettent-elles en valeurs ? Quel sentiment traduisent-elles ? Rappel : primaires (J-B-R), secondaires (Ve-V-O) ; chaudes (rouge orangé = mouvement), froides (vert, bleu = apaisant).
- La lumière : lumière naturelle ou artificielle ? D'où vient-elle ? Est-ce qu'un élément est plus éclairé ? Y a-t-il des ombres, des contrastes ? Quelle est sa direction (directe, indirecte) ? Quel éclairage : jour, soir ?
- L'expression du ou des personnages : si l'œuvre montre des personnages, il faut décrire leur posture et les expressions des visages. Les sujets mis en scène : portraits, paysages, scènes de genre (jusqu'au 18ème : histoire, religion, fêtes ; au 19ème : plus de vie sociale).
- Le traitement plastique : en peinture (touche, aplats, modelé, modulations...), la gestualité apparente ou non, en dessin (cerne, estompe, esquisse...), en photographie (photographie argentique ou numérique, grain, pixel) en dessin : netteté, flou, énergie ou délicatesse du tracé…
- Le rapport avec le spectateur : à qui s'adresse l'œuvre ? Quelle est la place du spectateur devant l'œuvre ? Que ressent-il face à l'œuvre ?
3. L’interprétation = donner du sens à l’œuvre : à partir de vos observations, il s'agit de deviner ce que l'artiste a voulu exprimer. Cette lecture interprétative permet d’aller au-delà de la simple description précédente et de comprendre ce que l’artiste a voulu exprimer (signification politique, religieuse, symbolique) et comment nous le recevons (en sachant que le spectateur ou commanditaire d’hier ne réagissait pas de la même façon qu’un visiteur contemporain dans un musée).
Le message de l'œuvre : pourquoi l'artiste a-t-il fait cette œuvre ? Quelles informations nous apporte-t-elle ? Ce que vous avez remarqué dans la description doit vous permettre de faire des hypothèses. Une œuvre d'art n'est jamais gratuite et tous les choix formels ont un sens. Un artiste peut utiliser des symboles (religieuse, mythologique, géométrique, dans les couleurs), qu’il faut interpréter. Vous pouvez aussi questionner le titre de l'œuvre et son rapport avec l'œuvre.
L'œuvre dans la carrière de l'artiste et dans l'histoire des arts : il s'agit de montrer que l'œuvre s'inscrit dans un contexte plus général et qu'elle nous amène à nous poser des questions. Quelles sont les idées de l'artiste ? Fait-il partie d'un courant artistique connu ? Y a-t-il d'autres œuvres qui traitent du même sujet ? Est-ce que l'œuvre peut être reliée à une thématique historique, sociale ou artistique importante ?
NB : toute œuvre d'art a des interprétations diverses, vous pouvez donc avoir la vôtre c'est ce qui fait le mystère et aussi la richesse d’une œuvre.